Les vacances sont un moment privilégié de l’année pour tous ceux qui adorent lire. Entre les heures de transports et celles passées à la plage, au bord d’une piscine, ou sur la terrasse d’une maison de campagne, l’été offre de multiples occasions de se plonger dans un bon livre … enfin ! Pour les amoureux des lettres, j’ai donc préparé une liste des six meilleurs livres à emporter dans sa valise ou son sac de plage cet été.
- Debout les morts de Fred Vargas – Policier
On ne présente plus Fred Vargas, la reine du polar français, et la créatrice du lunaire commissaire Jean-Baptiste Adamsberg, le héros de la plupart des intrigues qu’elle a imaginées. L’univers de Fred Vargas est plus fantastique et historique que gore et violent. La force de ses romans, c’est qu’elle réussit à développer, autour du crime, l’histoire de ses personnages, pour lesquels le lecteur se prend de sympathie. Debout les morts, paru en 1995, est une des rares intrigues où le commissaire Adamsberg n’apparait pas. Il est remplacé par un trio d’historiens au chômage, aussi attachants que loufoques. L’histoire débute lorsque leur voisine, une cantatrice d’opéra, découvre un arbre dans son jardin, qu’elle n’avait jamais vu auparavant. Par la suite, elle disparait et le trio comique décide de mener l’enquête. Debout les morts est un polar divertissant, avec une intrigue originale. Ajouter à cela un bon verre de vin et le fauteuil moelleux de la terrasse, et vous avez réuni les ingrédients pour une soirée réussi à la campagne.
- La télévision de Jean-Philippe Toussaint – Roman
Jean-Philippe Toussaint est un auteur belge, d’où sa capacité, dans le roman La télévision à mêler burlesque et sérieux avec autant de brio. Très bien écrit et agréable à lire grâce à son style minimaliste, ce roman est une invitation à la flânerie parfaitement adaptée pour une lecture de vacances. Le personnage principal, dont on ne connait finalement pas le nom, est un chercheur en résidence à Berlin qui décide, pour pouvoir mener à bien l’écriture de son mémoire sur la rencontre entre Charles Quint et Titien, de débrancher sa télévision. Prompt à procrastiner, l’anti-héros du roman entraine le lecteur dans ses réflexions désopilantes et ses rendez-vous ratés avec l’écriture de son manuscrit. C’est drôle, sans être idiot, et intelligent, sans être intellectuel. La télévision, qui a reçu le prix Victor-Rossel en 1997, est une belle compilation de situations cocasses et un compagnon idéal pour vos séances de transat au bord de la piscine.
- Rebecca de Daphné du Maurier – Thriller
Le roman Rebecca, paru en 1938, est considéré comme le chef d’oeuvre de Daphné du Maurier. C’est un grand classique de la littérature anglaise qui rencontra un énorme succès commercial dès sa parution. Rebecca sera même adapté au cinéma par Alfred Hitchcock. On retrouve chez Daphné du Maurier à la fois l’univers gothique des soeurs Brontë, et la fine description de la psychologie des personnages de Jane Austen. Le thriller, au suspens parfaitement maitrisé, raconte le mariage d’une jeune femme gracile et timide avec un quadragénaire veuf et distingué. La narratrice est rapidement confrontée au souvenir étouffant de Rebecca, la première femme de son mari, et aux persécutions de Mme Danvers, la gouvernante de la défunte. Une intrigue au dénouement surprenant, très bien écrite, et qui vous fera voyager dans le magnifique décor de Manderley, la demeure du jeune couple. Personnage à part entière de ce roman, ce manoir fera passer tous les châteaux en Espagne que vous visiterez cet été pour des bicoques sans intérêt.
- Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre – Roman
Avant d’être un film qui a reçu cette année cinq Césars, dont celui de la meilleure adaptation, Au revoir là-haut est un génial roman picaresque de Pierre Lemaitre, qui a reçu le prix Goncourt. C’est le premier opus d’une trilogie dont l’intrigue prend place entre les deux guerres mondiales. Le deuxième volet, Couleurs de l’incendie, est paru cette année. Au revoir là-haut retrace le parcours de deux anciens poilus, Edouard Pericourt et Albert Maillard qui font face, à leur retour du front, à l’indifférence et au rejet d’une société française pour laquelle ils se sont pourtant battus. Laissés pour compte et à la marge, cet émouvant duo, composé d’un paranoïaque et d’une gueule cassée, met en lumière la violence d’une société qui rejette les différences et creuse les inégalités … un thème finalement plutôt d’actualité malgré l’ambiance des années 20, retranscrite avec talent par Pierre Lemaitre. Faites lui de toute urgence une place dans votre valise, vous ne le regretterez pas, promis.
- Marie-Antoinette de Stepahn Zweig – Biographie
Si il existe des biographies rébarbatives, celle de Marie-Antoinette par Stephan Zweig se lit comme un très bon roman. L’auteur de la célèbre nouvelle Le joueur d’échec s’est appuyé sur les archives de l’Empire autrichien, et sur la correspondance du comte Axel de Fersen, pour retracer la vie de la dernière reine de France et de Navarre. Ce qui intéresse Zweig, et qui ressort de l’ouvrage, c’est la dimension tragique du destin de Marie-Antoinette. L’auteur autrichien est persuadé que la jeune femme, qu’il nous présente comme relativement ordinaire et futile dans sa jeunesse, s’est révélée être une reine et une mère d’une grande dignité, lorsqu’à la fin de sa vie la tragédie se refermait sur elle et ne lui offrait plus aucun échappatoire. Ce n’est donc pas une lecture légère qui vous attend avec cette biographie mais, le talent de Zweig fait que ce récit est captivant, à tel point que si vous le glissez dans votre sac de plage, il vous sera difficile de le lâcher au moment de la baignade.
- Belle du Seigneur d’Albert Cohen – Roman
Belle du Seigneur est un roman fleuve, une formidable fresque, qui décrit avec panache, tout au long des cent six chapitres qui la compose, la vie et l’univers tout entier. L’auteur du roman, Albert Cohen, a reçu le grand prix du roman de l’Académie française pour cette oeuvre écrite entre 1930 et 1968, qui sera qualifiée de “chef d’oeuvre absolu” par le romancier et aventurier Joseph Kessel. Belle du Seigneur raconte la passion amoureuse qui unit Solal et Ariane, de l’extase des débuts, à la fuite irraisonnable, et jusqu’au délitement morbide de leur union. L’écriture est dense et le style est enveloppant. Belle du Seigneur est de la trempe de ces romans qui nous font oublier l’heure qu’il est, et le lieu où l’on se trouve. Il faut donc éviter de le lire face à un paysage magnifique, parce qu’il serait éclipsé par les mots d’Albert Cohen. En cas de voyage interminable en train ou en avion, c’est le meilleur des remèdes contre l’ennui que vous pourriez trouver.