La question de mon apparence physique m’a taraudée de façon totalement démesurée et, pendant des années : être jolie ou ne pas être jolie, telle est la question, comme dirait Willy.
Je sais que c’est une problématique assez répandue chez les jeunes filles parce que la plupart de mes amies étaient dans le même état d’esprit que moi. A l’adolescence et, même à l’âge adulte, rare sont les femmes qui n’ont aucun complexe et qui s’acceptent parfaitement telles qu’elles sont.
Il est important d’être belle pour une femme. Pour être tout à fait juste, je pense qu’il est également important d’être beau pour un homme. Simplement, les critères ne sont pas les mêmes et un homme moche s’en sortira parfois mieux qu’une femme laide : on dira qu’il a du charme, alors qu’une femme moche restera un laidron.
C’est un fait, les gens canons sont sur-représentés dans nos médias, surtout les femmes. Chaque jour, nous sommes confrontés à une myriade d’images où les visages et les corps photoshopés nous rappellent que vraiment, on ne fait pas le poids.
Alors, pour une femme, les questions d’apparence prennent souvent beaucoup (trop) de place. Les apparitions devant le miroir sont autant d’occasions de se faire du mal. Elles sont toujours le moyen de faire naître de la frustration et de la souffrance : je ne suis pas assez ceci ou trop cela, je devrais maigrir, mon nez est tordu etc. C’est incroyable, la violence dont nous sommes capable envers nous même, face à notre propre image.
Je ne pense pas que tout cela relève du domaine de l’agréable et, il est certain qu’on ne devrait pas se prendre autant la tête sur le sujet. De vous à moi, je sais que je me fais plus de bien en prenant une demi heure par jour pour lire un livre qui m’intéresse, plutôt que de perdre mon temps à faire la liste des trucs qui ne collent pas sur mon corps, par rapport aux canons de la beauté de mon époque.
Combien d’heures dans la vie d’une femme sont consacrées à ce faux problème ? Ne vaudrait-il pas mieux utiliser cette énergie à faire quelque chose qui nous plait et nous permet de nous épanouir ?
A ce sujet, Boris Vian, dans son roman l’Herbe rouge, fait dire à l’un des personnages féminins :
Ça m’est égal d’être laide ou belle. Il faut seulement que je plaise aux gens qui m’intéressent.
J’avais une vingtaine d’années lorsque j’ai lu ce roman. J’avais senti, en lisant cette phrase toute simple et toute bête, qu’elle contenait quelque chose de très vrai. Sept ans plus tard et après un long travail sur l’acceptation de soi, je suis heureuse d’affirmer que cette phrase me correspond totalement.
J’avais donc envie de partager avec vous quelques pistes de réflexion pour enfin en finir avec le fait de se trouver moche et apprendre à s’accepter tel que nous sommes :
1 . Il nous est impossible de nous voir entièrement :
J’ai commencé à me lâcher la grappe sur le sujet de mon apparence physique le jour où j’ai compris que je ne m’étais jamais vu et, que je ne me verrai jamais entièrement.
La première fois que ce phénomène m’a frappé, j’étais enfant. Un dessinateur a croqué un portrait de moi, de profil. Lorsqu’il nous a tendu le dessin, mes parents étaient parfaitement satisfait de la ressemblance entre le croquis et leur enfant. A l’inverse, j’étais très déçue et je ne me suis pas reconnue, tout simplement parce que je ne m’étais jamais vu de profil. C’était très étrange comme sensation, je me souviens avoir pensé que mon nez était vraiment hideux parce que, je ne l’imaginais pas du tout comme ça.
Si l’on y réfléchit, il est impossible de juger si nos fesses sont belles ou non, pour la simple et bonne raison qu’en réalité, on ne les a jamais vues. On les a peut être aperçues, à force de multiples contorsions devant le miroir mais, on a jamais réussi à regarder nos fesses en face. Je ne verrai jamais mes fesses aussi bien que je voie celles des autres, c’est physiquement impossible. Mes fesses sont donc devenues pour moi un non-sujet d’inquiétude, au même titre que la cellulite qui s’y trouve surement, puisque je ne la voie pas.
Il y a toute une partie de notre corps qui échappe à notre propre perception, on peut donc commencer par rayer cette partie de la liste de nos angoisses et, c’est un premier pas vers l’acceptation de soi.
2. Ce que l’on voit dans notre miroir n’est qu’une perception de la réalité :
On peut même aller plus loin, puisque ce que l’on voit dans notre miroir est seulement une perception de la réalité : Le jour où vous vous réveillez du mauvais pied, il y a de fortes chances pour ce que votre visage vous apparaisse laid, parce que vous êtes dans de mauvaises dispositions. A l’inverse, lorsque vous êtes de bonne humeur, ce que vous voyez dans le miroir vous plait puisque tout va bien par ailleurs.
De la même façon, si vous vous disputez avec votre petit ami, il se peut qu’il vous apparaisse soudain moche et que votre attention se focalise sur ses défauts. A l’inverse, si vous passez une délicieuse soirée en sa compagnie, il vous apparaîtra comme le plus bel être sur cette terre, parce que vous aurez un à priori favorable à son égard.
Il est impossible d’avoir une perception totalement neutre de soi même et des autres. Lorsque l’on se regarde ou que l’on regarde quelqu’un, c’est toujours avec un certain état d’esprit et selon les circonstances du moment.
Lorsque qu’on a compris ce phénomène, il devient bien plus aisé de s’accepter soi même. Il m’arrive parfois de trouver que j’ai une sale mine en me réveillant le matin, parce que je suis fatiguée, ou grognon. Ces jours là, plutôt que de m’acharner sur le fait que j’ai des rides sur le front, je me dis simplement que je ne suis pas très en forme et que je devrais faire quelque chose pour moi dans la journée, parce que j’en ai besoin et que ça me ferrait du bien.
3. Etre beau ou belle, ça ne veut rien dire :
La beauté en soit, ça ne veut rien dire, c’est un concept et, comme chaque concept, chacun est libre de l’interpréter différemment.
Par exemple, une amie à moi trouve qu’un homme beau est un homme musclé. Son fantasme absolu, ce sont les Dieux du stade, elle n’en démord pas et collectionne leurs calendriers depuis dix ans. Moi, au contraire, j’ai plutôt un faible pour les intellos et Louis Garrel figure en premier sur ma “husband material list“. Pourquoi ? Ça ne s’explique pas, c’est ce qu’on appelle “les goûts et les couleurs“.
Ce que je veux dire par là c’est qu’on peut se trouver beau ou pas, il n’empêche que pour ce qui concerne les autres, il y aura toujours des gens qui nous trouveront beaux et d’autres qui nous trouveront laids selon qu’on correspond, ou pas, à leur interprétation du concept. Personne n’est totalement beau ou belle aux yeux de tout le monde. C’est donc complètement illusoire et destructeur de chercher à atteindre la beauté parfaite.
Lorsque j’ai commencé à travailler sur moi pour m’accepter, et que je n’étais pas satisfaite de celle que je voyais dans le miroir, je me disais toujours qu’il y avait forcement quelqu’un, quelque part, qui était moins sévère envers moi et qui trouvait que j’avais du charme, voire même que j’étais jolie. Cette pensée m’a beaucoup aidé à apprendre à m’accepter.
En réalité, personne n’est beau dans l’absolu. On est toujours beau ou laid par rapport à celui ou celle qui nous regarde. Alors, il suffit de décider que lorsque celui qui nous regarde est nous même, il nous trouve beau. C’est, en réalité, aussi simple que ça.
4. En fait, est ce qu’on en a vraiment quelque chose à faire ?
Aujourd’hui, je m’en fiche d’être belle ou non, objectivement et pour la terre entière. Le débat ne se situe plus à ce niveau pour moi. Je ne suis ni belle ni laide, en fait je suis, tout simplement et, quand je me regarde dans le miroir, c’est toujours avec un sourire complice parce que je me suis acceptée telle que je suis.
Je ne suis pas responsable de la façon dont les autres me perçoivent. Je suppose que, comme tous le monde, il y a des gens qui me trouvent belle et d’autres qui trouvent que je suis laide. En tout état de cause, c’est quelque chose sur lequel je n’ai pas d’emprise donc, j’ai arrêté de m’en inquiéter.
En revanche, je suis responsable de la façon dont moi je me perçois et, j’ai décidé de devenir mon amie dans ce domaine. A partir du moment où on décide de s’accepter tel que l’on est et d’arrêter de se percevoir comme moche, on est bien plus heureux. Ce n’est pas plus compliqué.
Au final, je suis comme tout le monde, j’apprécie un compliment sur mon apparence physique mais, je n’en ai plus besoin pour passer une bonne journée parce que, je me plais à moi et je plais à celui que j’aime et, ça me suffit.
Si je pouvais rencontrer aujourd’hui l’adolescente que j’ai été, je lui dirais que ce qui importe, ce n’est pas d’essayer d’être aussi mince que Kate Moss ou de vouloir être belle comme les filles des magazines mais bien d’apprendre à s’accepter et à prendre soin de soi. Je lui dirais, au final , que ce qui importe, ce n’est pas d’être belle mais d’être épanouie.