Si j’étais une saison, ce serait le printemps.
C’est certainement la phrase d’accroche la plus niaiseuse que j’ai écrite ici. Je ne la renie pourtant pas parce que, c’est vrai, j’adore le printemps. Le réveil de la nature, l’apparition des premières fleurs, et le retour des oiseaux qui chantent, ça me ravit. Pour moi, c’est une période propice au changement et aux nouveaux projets.
Aussi, quoi de plus logique que de mettre Kaixin au diapason de la saison, avec quelques changements. Les catégories lifestyle, culture et société sont remplacées par s”inspirer, se cultiver et s’informer, plus en accord avec ce que j’ai envie de proposer sur le blog. Si tout se passe comme prévu, le rythme des publications devrait s’accélérer. À partir du mois d’avril, deux nouvelles sous-catégories d’articles vont apparaître sur Kaixin.
J’espère que tout cela vous plaira autant qu’à moi !
Aujourd’hui, je voulais m’attarder sur la première des nouvelles sous-catégories, qui sera une série de portraits de ceux que j’appelle des colibris.
L’origine de ce projet est un conte amérindien que j’aime particulièrement, popularisé par Pierre Rabhi :
Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »
Et le colibri lui répondit :« Je le sais, mais je fais ma part. »
Faire sa part …
Ce petit bout de phrase de rien du tout ne m’a pas quittée durant l’hiver.
Faire …
Ça m’a amenée à réfléchir à ce que l’on dit et à ce que l’on fait.
Pendant longtemps, j’ai été le genre de personne à dire ” j’adore refaire le monde autour d’un verre de vin”. L’hiver, qui vient de se terminer, aura pourtant eu raison de mon engouement pour les discussions “viens, on lâche tout et on va élever des chèvres dans le Larzac”, avec Jean-Pierre-voisin-de-tablée-mi-bobo-mi-alcoolique, que j’affectionnais tant.
Comment ? Pourquoi ?
Ces derniers mois, grâce aux errements de Donald Trump et au scandale Weinstein (et à tout un tas d’autres trucs), on en a descendu des bouteilles de vins, en s’écoutant parler, dans la team “j’ai un avis sur tout”. C’était sympatoche au début, je ne dis pas, ça occupait les longues soirées d’hiver, et les colonnes Édito des journaux.
Et puis, je me suis questionnée sur la finalité de tout ça, et mes discussions avec Jean-Pierre-voisin-de-tablée ont commencé à m’irriter parce qu’aucune ne s’appuyait sur une démarche constructive, ou des informations précises. On pataugeait dans le vague à l’âme et la revendication molle, depuis des mois. On restait au stade de la théorie. Notez que j’utilise ici le vocable “théorie” pour désigner de manière polie et distinguée la …, hum …, comment dire …, br****** intellectuelle.
Je me suis rendue compte que dans ces conditions, c’était bien rigolo de deviser sur l’avenir du monde, mais que ça n’avait pas beaucoup plus d’utilité que de soulager sa vessie dans un violon, pour le dire gentiment.
Quand j’y réfléchis, je suis bien plus passionnée par quelqu’un qui me raconte son projet farfelu de recenser les abris de défense passive encore existants à Paris (#truestory) que par un type qui se plaint du système dans lequel on vit, confortablement installé dans ses Stan Smith, et qui ne propose aucune solution concrète en réponse à sa plainte élégiaque sur le grand méchant capitalisme.
Je suis persuadée que ceux qui font bouger les lignes et rendent ce monde meilleur, sont ceux qui agissent avec enthousiasme, et non ceux qui parlent avec défaitisme. Ce sont également ceux qui apportent des solutions concrètes à un problème défini, et non ceux qui veulent tout casser pour tout recommencer, on ne sait pas trop comment, ni pourquoi.
Il suffit de pas grand chose pour agir, et c’est toujours plus important pour le bien commun qu’un discours creux. Recenser les abris de défense passive de la capitale, ça ne résoudra pas le problème des inégalités dans le monde. Par contre, ça mettra en lumière une partie oubliée du patrimoine parisien, et ça intéressera peut être les habitants à la ville dans laquelle ils vivent, en les sortant de leur quotidien morose. Sortir quelqu’un de son quotidien, je pense que c’est une très belle chose, et que c’est bien plus porteur d’espoir que de l’assommer avec des lieux communs déprimants sur l’état lamentable de notre société et/ou de notre planète.
C’est pour cela que chaque mois, je dresserai le portrait d’un colibri, c’est à dire d’une personne qui m’inspire et qui rend le monde plus beau par ses actions, si petites soient elles.
Crédit photo : Artefact 40 D (son profil Flickr) – licence Creative Commons – photo non modifiée.